LE « PEPYBOOM » : LA STRATÉGIE DU « FERROVIAIRE BUSINESS »
Groupe SNCF
Depuis 10 ans, la stratégie de la direction de la SNCF n’a qu’un seul objectif : transformer à coup de millions d’Euros l’entreprise publique ferroviaire nationale en groupe commercial du marché de la mobilité mondiale…
Alors que dans la dernière décennie, la qualité de service a souffert d’un manque d’investissements, que les infrastructures se sont dégradées, que 22 000 emplois de cheminots ont été supprimés, le nombre des filiales est passé, dans la même période, de 187 à 1 128 (dont 964 détenues majoritairement) !
Par acquisition d’entreprises ou externalisation, c’est une logique bien éloignée de la raison d’être d’une entreprise publique de service public qui a été mise en place avec, aujourd’hui, un chiffre d’affaires des filiales qui représente la moitié de celui du Groupe !
Keolis (Transports publics) et Geodis (Logistique et transport routier) sont les plus connues mais le groupe SNCF est aussi présent dans les domaines du covoiturage, de l’exploitation de parking, de l’immobilier et même depuis peu, dans celui du Transport sanitaire par VSL (Véhicule Sanitaire Léger) !!
A l’origine destinées à venir en complémentarité des activités ferroviaires, ces filiales sont aujourd’hui un véritable business, voire une obsession pour la direction, qui n’a pas hésité à investir 700 millions en 2015 pour l’achat de l’entreprise de messagerie américaine OHL, somme équivalente au renouvellement de 22 rames TGV !
Nécessitant souvent des capitaux importants pour leur achat ou leur exploitation (Ouibus a perdu 45 millions en 2016, Keolis Boston a perdu 28 millions de dollars en 2 ans…), ces filiales ne constituent même pas une source de recettes pertinentes pour le Groupe public. Leur chiffre d’affaires réalisé pour 28% à l’étranger dépendent fortement de la conjoncture internationale alors que l’activité ferroviaire en France représente 80 % du bénéfice de 1.3 milliard d’Euros de la SNCF en 2017…
A cette opacité sur l’objectif recherché, vient s’ajouter l’opacité sur le financement dans un Groupe Public Ferroviaire qui affiche 55 milliards de dette…
Le mécanisme est peu connu mais chaque activité reverse une redevance de 2% de son chiffre d’affaires au Groupe. Pour TER (5 Mds€ de CA en 2017), c’est 100 millions qui sont ponctionnés et 300 millions pour l’ensemble des activités de SNCF Mobilités !
Autant de moyens en moins pour améliorer la qualité du service public et le quotidien des usagers !
Quand on sait que ce mécanisme a été mis en place alors que la Directrice de la Stratégie de la SNCF n’était autre que Mme Borne, actuelle Ministre des transports, il y a de quoi s’interroger…
L’opacité ne s’arrête pas là. Bénéficiant de la garantie implicite de l’Etat, et donc de taux avantageux, SNCF Mobilités est devenu, au fil des ans, une véritable banque interne avec des taux modulés, comme le ferait n’importe quel organisme bancaire, et dégageant 150 millions d’euros par ce biais ! Ainsi, malgré ce financement interne, l’activité ferroviaire Fret SNCF emprunte à 3.8% alors que dans le même temps, Geodis, filiale de transport routier concurrente du fer, bénéficie d’un taux de 1.8% !!! Cherchez l’erreur !!
Toutes ces opérations se font dans le cadre d’une entreprise publique bénéficiant de la garantie de l’Etat, mais également soumise à son contrôle.
Nous n’osons imaginer ce que les mêmes dirigeants pourraient faire si demain la SNCF devenait une Société Anonyme bénéficiant d’une large autonomie de gestion.
Une chose est certaine, l’intérêt général du plus grand nombre se transformerait vite en intérêts particuliers de quelques-uns.
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