LA NOUVELLE OFFRE TGV SONNERA-T-ELLE LA FIN DES PARCOURS PRO DES ADC ?
Parcours pro des ADC
La reconfiguration de l’offre TGV décidée par le COMEX et présentée au Conseil d’Administration extraordinaire du 23 mai dernier risque de faire des dommages collatéraux sur les parcours des agents de conduite, et pas seulement d’ailleurs, car ASCT et personnels d’escales sont également dans le viseur…
Pour rappel, la direction a lancé l’offre OUIGO depuis quatre ans d’abord sur l’axe sud-est avec la création d’un Marne la Vallée – Marseille St Charles puis sur l’ouest de la France (relations Rennes-Tourcoing et Nantes Tourcoing….). Il s’agit bien d’une offre « low-cost » ou 3ème classe, calquée sur l’aérien, c’est à dire en déportant les départs vers des gares soi-disant à plus faible coût…
L’idée est bien de maximiser l’offre d’emport de voyageurs pour économiser en sillon, en journée de service ADC, avec une utilisation maximale des possibilités de l’accord d’entreprise sur les conditions de travail et des rotations de rames aux taquets des limites de ce qu’autorisent les règles de maintenance, lesquelles ont été largement assouplies ces dernières années…
Pour autant, les objectifs que s’est fixé la direction lors du lancement de ce projet évoluent au gré de ce que sont les réalités économiques du moment avec, pour rappel, un modèle TGV à ce jour totalement inscrit dans une vision business qui compromet d’ailleurs son avenir. Ainsi, le plan de transport OUIGO est totalement revu à l’occasion du service annuel 2018 et les règles qui prévalaient encore il y a trois mois sont complètement remises en cause.
En effet, les TGV OUIGO font leur entrée en gares parisiennes, ce qui ne sera pas sans conséquences sur la répartition des charges TGV entre les différentes UP. Certaines comme Rennes, en font largement les frais avec la perte de 16/7èmes de charges inter-secteurs…
Ainsi, ce qui constituait l’ossature de la charge TGV de certaines résidences est totalement remis en cause !
Avec OUIGO, la direction navigue à vue et les directions en établissement ne cachent plus que la direction de OUIGO ne sait pas où elle va ! Très inquiétant !!
Le 23 mai dernier, la direction a annoncé le lancement de l’offre INOUI, craignant que OUIGO ne capte trop de voyageurs alors même qu’elle décide de renforcer son plan de transport OUIGO en passant de 8 à 34 rames : la direction serait-elle devenue schizophrène ?…
Cette nouvelle offre INOUI au sens propre comme figuré, serait le nec plus ultra de l’offre voyageur à grande vitesse, accessible d’ailleurs à ceux qui pourront se l’offrir, principalement les usagers pro… Le coût de cette reconfiguration du plan de transport TGV est estimé à environ 2,5 milliards d’euros avec pour objectif que toutes les rames concernées soient au standard INOUI en 2020….
Pas besoin d’être devin pour comprendre qu’avec une telle politique, l’avenir des parcours professionnels des agents de conduite est clairement menacé.
Tout d’abord parce que l’offre TGV devient une véritable peau de chagrin avec une direction qui a pour ambition d’en faire rouler de moins en moins en maximisant le profit sur chacun d’eux et qu’à terme, sans préjuger des conclusions de la mission Spinetta, nombre de relations qualifiées de « non rentables » risquent de passer à la trappe avec des pans entiers de territoires qui ne seront plus desservis par TGV…
Enfin, la direction Voyages a comme projet bien avancé de mettre en place des établissements dédiés au TGV par axe.
Dès lors, le parcours professionnel tel que nous le connaissons, serait remisé au musée du chemin de fer de Mulhouse puisque l’accès au TGV se ferait désormais par une demande de mutation (changement d’établissement) avec toutes les entraves que nous connaissons déjà.
Dans ce contexte de création d’établissements d’axes TGV, certains dirigeants de Voyages ne cachent pas leur volonté de recruter des ADC directement au TGV, comme cela se fait déjà actuellement à l’étranger.
Pour le moment, la TT035 (certification des conducteurs) l’interdit, mais ne doutons pas un instant que lorsque l’activité Voyages aura la volonté de le faire, la direction de la Traction se couchera et réécrira son texte.
Si l’on met bout à bout l’ensemble de ces évolutions, outre qu’il s’agit bien d’une remise en cause totale de l’offre de service public en réponse aux besoins des usagers, les ADC vont le payer cher avec, à terme, un verrouillage des passerelles entre activités que la CGT, avec les cheminots et par la lutte, ont réussi à maintenir !
Cela est bien évidemment inacceptable car les ADC comme les autres cheminots ne sont en rien responsables de la situation économique catastrophique dans laquelle se trouve aujourd’hui le ferroviaire !
D’ailleurs, ceux qui ont porté la réforme de 2014 sont obligés aujourd’hui de faire le même constat que la CGT : une réduction drastique de l’emploi de cheminots à statut, une précarisation rampante dans tous les métiers, une remise en cause du dictionnaire des filières notamment à la conduite et aucune perspective de rétablissement des comptes dans un contexte de désengagement continu de l’Etat qui se comporte comme un vulgaire actionnaire du CAC 40 !
Les ADC ne doivent pas se bercer d’illusions !
Avec les dernières annonces de la direction, aucune résidence ne va passer à travers les mailles du filet et on ne pourra pas se contenter ad-vitam aeternam de partager la « misère » entre les différentes UP autorisées TGV.
Il en va clairement de nos déroulements de carrière, de nos parcours professionnels et au-delà, de nos conditions de vie et de travail ! Les conséquences sur le niveau des pensions pourraient être désastreuses pour nombre d’entre nous !
La CGT fait de nombreuses propositions pour le développement d’une offre de service public à grande vitesse déconnectée de la vision business de la direction et de l’Etat ! Il y a urgence à débattre dans les établissements et les différentes résidences et pour cela, la CGT se tient à votre disposition pour échanger autour de ces enjeux essentiels pour notre avenir !
Le CTN Traction appelle les cheminots de la Traction à cesser le travail le jeudi 16 novembre, à se rassembler sur leurs lieux de travail afin de stopper les attaques portées à l’encontre de notre filière (réorganisations, remise en cause du dictionnaire des filières, remise en cause de la réglementation du travail, …)