Moyens humains, formation et conditions de travail sont les clés de voûte d’un service public ferroviaire alliant la réponse aux besoins de transport à un haut niveau de sécurité.
Mais, pour être efficace, il doit aussi reposer sur une entreprise unique et intégrée.
Pour faire le lit de l’ouverture à la concurrence, la Direction multiplie les réorganisations, qui dégradent sans cesse les conditions de vie et de travail des cheminots et le service public.
L’éclatement de l’entreprise en sociétés anonymes, en activités et en directions de lignes morcelle dangereusement la sécurité du système ferroviaire.
La Traction n’est pas épargnée. Cette balkanisation sonne le glas de la filière Traction pourtant centrale pour le ferroviaire. Alors que la direction de la Traction organisait le processus de recrutement, les mises en stage et la formation, elle est aujourd’hui reléguée au rôle d’expert… Les activités ont toute la latitude de faire appel ou non à ses services, la gestion des recrutements est désormais à leur main.
Conducteur : un métier victime de désaffection ?
La fin du recrutement au statut, le report de l’âge de la retraite et, récemment, la mise en place des RAG (rémunérations annuelles garanties) au ras des pâquerettes avec l’accord Classifications et rémunérations de la branche ferroviaire participent à un désintérêt croissant des salariés pour ce métier. En résultent des difficultés à embaucher.
Dans le même temps, les nouveaux embauchés subissent le délitement de la formation « initiale » et ses conséquences sur leur maîtrise du métier.
Pourtant, il est indispensable pour les conducteurs de recevoir une formation de haut niveau, permettant de conduire un train en toute sécurité, mais aussi pour obtenir un véritable parcours professionnel sur leur bassin d’emploi.
Emploi à la Traction – les enseignements ne sont jamais tirés !

Au 31 décembre 2021, il ne reste plus que 13 900 conducteurs dans le GPU SNCF. Depuis 2010, les effectifs ont chuté de 8,6 %, soit – 1 309.
Pourtant la Direction aurait dû tirer les enseignements des conséquences du manque d’effectifs en 2014-2015 en lissant les recrutements pour ne plus subir le manque d’effectifs par vague de départs. Or il n’en est rien, comme le démontre la courbe descendante du nombre de conducteurs depuis 2018. La Direction crée volontairement un sous-effectif à la Conduite.


Des effectifs, des plans de transport passés au rabot…
En 2021, le nombre de trains au TER, ou encore le nombre de tonnes transportées pour Fret, est plus important qu’avant la crise sanitaire.
Ainsi, les affirmations de la Direction quant à une prétendue baisse de charge ne sont que des prétextes à la mise en oeuvre d’une politique de réduction d’effectif.
➢ Par exemple, sur la région de Limoges, il manque 22 conducteurs. Sous l’impulsion de la CGT, 5 mutations de Paris sont en cours de réalisation et 5 détachés doivent arriver.
➢ Sur la ligne du RER D, il manque 9 conducteurs, ce qui a conduit à la suppression de 32 trains par jour.
➢ Sur la ligne du RER C, un plan de transport adapté a été mis en place, avec la suppression de 9 trains par jour suite à un manque de conducteurs.
Toutes les régions voient se multiplier les trains supprimés et les plans de transport adaptés.
… Des parcours professionnels et des conditions de travail aussi !
Dépassée par le manque d’effectifs qu’elle a elle-même orchestré, la Direction tente par tous les moyens de retenir les conducteurs futurs retraités en multipliant les primes ou en recrutant des retraités en CDD.
Face à ce sous-effectif chronique, les activités TER et Transilien font le choix de ne pas approvisionner les écoles « grande vitesse » en nombre de conducteurs suffisant et donc de ralentir les parcours professionnels.
Les congés refusés et les augmentations de l’amplitude des journées de service se généralisent dans tous les dépôts. Tous les jours, les modifications de commande de dernière minute dégradent un peu plus les conditions de travail.
Ce phénomène s’accentue par la mise en place d’outils numériques permettant d’optimiser les journées de service et les roulements. Les particularités locales, les accords locaux et les pauses physiologiques ne sont pas intégrés dans les logiciels.
Pour la CGT, c’est inacceptable ! Des embauches doivent être réalisées dans les plus brefs délais. C’est la seule mesure efficace.
Formation – l’externalisation pour boussole !

Depuis 2017, le nombre de mises en stage est en chute libre… Cela découle d’une politique d’entreprise menée par une direction qui s’évertue à ne pas réaliser les écoles en adéquation avec la charge de travail.
Rappelons qu’en 2016, plus de 1 200 mises en stage avaient été réalisées dans l’entreprise en CPFT et sur fonds propres dans les établissements. Aujourd’hui, la direction de la Traction affirme ne plus pouvoir le faire !
Cette stratégie vise à externaliser la formation en prétextant le manque d’effectifs et un taux de remplissage maximum des CPFT… Pour la Direction, la formation est un coût qu’il faut réduire. Aussi, elle confie la formation « initiale » des conducteurs à quelques « mercenaires » qui ont quitté l’entreprise pour pouvoir profiter de l’aubaine.
Cette formation low cost, dispensée par Digirail, entreprise privée nouvellement créée, ne correspond en rien aux besoins des futurs agents de conduite tant elle paraît éloignée des fondamentaux de la sécurité. La perte de la maîtrise du processus de formation conduit à la disparition des binômes qui permettaient la transmission du savoir-faire.
La Direction utilise également les formations académiques des universités pour réduire les coûts. Cette formation scolaire, éloignée du monde ferroviaire, des besoins pratiques à acquérir par les stagiaires, ne doit pas et ne peut pas être comparée avec une formation en binôme dans un établissement.
Transilien met également en oeuvre cette politique de réduction des coûts. La Direction a décidé de redéfinir le contenu des formations initiales TB et choisit, par exemple, de former des stagiaires à la seule ligne H (Paris-Nord–Persan-Beaumont/Luzarches/Pontoise/Valmondois) sur un seul matériel. Elle en a également simplifié le déroulé. L’essentiel de l’apprentissage « conduite » se fait sur simulateur.
Alors que tout le monde reconnaît les limites du digital dans l’enseignement, le patronat a décidé de ne plus permettre la transmission du savoir entre moniteurs et stagiaires et de l’expérience pratique de la conduite en ligne.
Cette stratégie mettra en difficulté les jeunes conducteurs qui doivent réaliser leur métier sans avoir tous les atouts en main.
Cette politique illustre l’abandon de la sécurité dans les métiers de la Traction.
La Direction poursuit sa course aux gains de productivité et n’hésite pas à dégrader les conditions de formation, de vie et de travail des cheminots.
La diminution du nombre de conducteurs, la mise en place de la polyvalence et les plans de transport adaptés participent de cette stratégie.
Avec la CGT, les cheminots peuvent lutter contre cette politique.
La mobilisation paie !
Dans plusieurs régions, la mobilisation des cheminots a permis de bouger les lignes, notamment en améliorant les conditions de travail (roulements, recrutements, mises en stage…). Par exemple, sur la région de Montpellier, après 7 jours de grève, les conducteurs ont obtenu 150 embauches dont 50 à la Traction.
Il est urgent de stopper l’hémorragie des effectifs et le délitement de la formation !
POUR L’AMÉLIORATION DU SERVICE PUBLIC FERROVIAIRE, DE LA SÉCURITÉ, DES CONDITIONS DE TRAVAIL ET LE DÉROULEMENT DE CARRIÈRE, EXIGEONS :
- un plan urgent de recrutement massif pour couvrir les emplois déjà manquants, assurer la production, améliorer les conditions de travail et garantir les parcours professionnel ;
- des moyens humains (agents de conduite, gestionnaires des moyens et cadres Traction) et matériels supplémentaires pour organiser davantage d’écoles dans les établissements,
- une formation « initiale » commune à tous les conducteurs du GPU sous l’égide exclusive de la direction de la Traction ;
- un service public de qualité pour répondre aux besoins des usagers et des chargeurs ;
- une politique volontariste de développement du trafic ferroviaire voyageurs et marchandises pour répondre à l’urgence environnementale.
Pour se donner les moyens de gagner des recrutements massifs,
Pour que la SNCF retrouve une véritable politique de développement sur tous ses trafics,
Pour nos salaires et nos conditions de travail,
Je me donne les moyens : le 18 octobre, je lutte avec la CGT ;
du 17 au 24 novembre, je vote CGT ;
et, dès maintenant, je rejoins la CGT !