Fin programmée des annonceurs !

Après la réduction importante des effectifs à l’Équipement, la direction de la SNCF confirme sa politique de fragilisation de la sécurité ferroviaire en autorisant unilatéralement la mise en place de systèmes automatiques par radio pour protéger les chantiers.
Depuis de nombreuses années, la direction de l’Infra restructure ses services dans le seul but d’alléger sa masse salariale, notamment en supprimant des emplois. Cette politique néfaste a déjà abouti à une recrudescence inquiétante des accidents ferroviaires (Brétigny-sur-Orge et récemment Denguin) ainsi qu’à de nombreux accidents de cheminots sur leur lieu de travail, ayant, dans certains cas, entraîné la mort.
Malgré les mises en garde de la Fédération CGT des cheminots, une nouvelle étape a été franchie : le remplacement des annonceurs, les cheminots chargés d’annoncer l’arrivée des trains aux équipes intervenant sur les voies lors de tournées de surveillance, d’opérations de maintenance, d’entretien et/ou de modernisation – par des dispositifs d’annonce portatifs par radio (DAPR).
Avec la suppression de ce lien indispensable de visibilité entre l’annonceur et l’agent de sécurité, qui peut autoriser ou faire cesser le travail dans la zone dangereuse ou aux abords, plus aucune boucle de rattrapage ne permet désormais d’éviter l’accident et donc de garantir la sécurité du chantier.
Alors que la maintenance du système ferroviaire a été sévèrement pointée du doigt par les experts et le Bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT), après les accidents de 2013 et de juillet 2014, Guillaume Pepy, de son côté, déclare à qui veut l’entendre que « le digital » doit être un levier de transformation. Des déclarations qui en disent long sur les objectifs d’économies affichés. Pour la CGT, il est clair qu’une fois de plus l’orientation de l’entreprise, sous couvert de mise en place de nouvelles technologies telles que le DAPR, tend à un abaissement du niveau de sécurité dans le seul but d’augmenter les gains de productivité.
Passage en force
En dépit de nombreux exercices du droit d’alerte par les CHSCT, la direction de l’Infra a refusé d’écouter nos arguments.
Elle a validé par un simple courrier le déploiement du système, à l’encontre des préconisations du ministère invitant à appliquer les mesures de sécurité attendues face au risque ferroviaire. Dans un courrier envoyé à la direction le 7 août dernier, la CGT a exigé la suspension du déploiement du dispositif de DAPR. La direction de l’entreprise, qui ne souhaite pas faire machine arrière, au regard du coût engendré, reste très silencieuse et ne répond pas, pour le moment, à nos interpellations.
Face à cette situation, nos CHSCT, garants de la sécurité, ont leur mot à dire. Idem sur le terrain : les élus et les militants dans les instances doivent faire respecter la réglementation, notamment le RSPRF* (RH 158), et contribuer à développer l’emploi à statut.
* RSPRF : réglementation de sécurité du personnel, vis-à-vis du risque ferroviaire.