LE PATRONAT ORGANISE LE DUMPING SOCIAL CHEZ LES CONDUCTEURS
Classification et rémunération
Dans le cadre des discussions sur la CCN, le volet classification des métiers et rémunération commence à être abordé depuis le 8 octobre 2019. L’UTP (Union des Transports Publics), MEDEF de la branche ferroviaire, abat ses cartes et dévoile son projet néfaste pour les cheminots et particulièrement ceux à la Traction.
Lors de la CMPN suivante, initialement prévue le 21/10/19, le Patronat devait nous présenter ses premières propositions en matière de rémunération. Suite à l’accident survenu dans les Ardennes, le mouvement social a entraîné l’annulation de cette réunion, la direction de la SNCF n’ayant pas envie de rencontrer les organisations syndicales. Le document préparatoire, envoyé en amont, ne peut que mettre en évidence le peu de respect que le patronat porte aux cheminots notamment sur les propositions salariales.
L’UTP souhaite accentuer la polyvalence des conducteurs avec des missions relevant des autres filières en tirant la rémunération vers le bas.
Pour mettre en évidence ce dumping, la fédération CGT vous propose un tableau comparatif reprenant les propositions des définitions du métier “Conduite”, les déroulements de carrière et les rémunérations correspondantes entre le dictionnaire des filières (applicable à la SNCF, GRH0263) et les propositions de l’UTP.
Critique de la polyvalence et du système de rémunération
Ainsi, pour l’UTP, un conducteur pourrait aussi bien faire des missions commerciales (accueil, …) que celles relevant de l’exploitation (manoeuvre d’aiguilles, …) ou de l’entretien du matériel (plein des sablières, …) que du monitorat ou bien être assistant d’une formation et assurer des missions de l’encadrement. Impensable !
Il n’est pas du domaine de compétences des conducteurs d’assurer des missions d’accueil avant l’embarquement par exemple ou bien encore d’entretenir le matériel ou de manoeuvrer des aiguilles. On constate, à travers la définition des différents métiers (CRTT, CRML, CRL), que la SNCF est à la manoeuvre en cassant le contour de nos métiers.
Le conducteur ne peut avoir qu’une mission d’assistant formation ou de moniteur, rien de plus. Pour la CGT, la formation doit relever des missions des cadres traction.
A toutes ces tâches qui définissent nos métiers, une rémunération minimale a été affectée. Les salaires proposés sont inconcevables au vu des responsabilités et de la multiplication des tâches des futurs métiers “conduite”. A cela s’ajoutent des conditions de travail dégradées définies dans l’accord de branche signé par l’UNSA et la CFDT en 2016.
▪ La première qualification appelée Q1 reprend l’ensemble des conducteurs formés exclusivement du classement des engins moteurs, des mises en tête, des évolutions, des trains de travaux sur chantier intercepté, des manoeuvres dans les chantiers, des fonctions d’agent en second. Le recrutement se fait au niveau CAP/BEP.
▪ La deuxième qualification appelée Q2 reprend l’ensemble des conducteurs formés à d’autres tâches et missions que celles définies pour le premier niveau de qualification, en particulier la conduite en ligne sur RFN (Réseau Ferré National). Le recrutement se fait au niveau BAC mais est également ouvert aux agents placés sur Q1.
De plus, le système de rémunération est également insuffisant et injuste.
Injuste ! Il est inadmissible que les diplômes acquis par les salariés ne soient pas reconnus lors de leur embauche, tout comme ceux acquis en cours de carrière. Pour la CGT, l’acquisition de diplômes permet d’obtenir des grades différents pour permettre des embauches dans des métiers qualifiés et d’être rémunéré à la hauteur de ses compétences.
De plus, les évolutions de carrière ne sont plus automatiques comme dans l’entreprise mais reposent exclusivement sur le choix patronal quel que soit le diplôme du salarié.
Propositions de la CGT pour contrer les minima salariaux et la polyvalence
La CGT, force de propositions, revendique la création d’un système intégré reprenant tous les métiers de la conduite (CRTT, CRML et CRL) mais aussi CRLO, CREQ et APLG.
Pour la CGT, un conducteur est « Une personne autorisée à conduire une circulation ferroviaire de façon autonome, responsable et sûre, qu’il s’agisse de trains destinés au transport ferroviaire de passagers ou de marchandises, y compris de locomotives, de locomotives de manoeuvre, de tout engin de traction ferroviaire, de trains de travaux ou d’engins ou véhicules ferroviaires d’entretien ou les trains et qu’elle en assure les commandes directes ou qu’elle donne des directives en cabine à la personne maîtrisant les organes de commande ».
La CGT défend donc le « grand métier conduite » qui se compose de 2 qualifications :
• La première qualification appelée Q1 reprend l’ensemble des conducteurs formés exclusivement du classement des engins moteurs, des mises en tête, des évolutions, des trains de travaux sur chantier intercepté, des manoeuvres dans les chantiers, des fonctions d’agent en second. Le recrutement se fait au niveau CAP/BEP.
• La deuxième qualification appelée Q2 reprend l’ensemble des conducteurs formés à d’autres tâches et missions que celles définies pour le premier niveau de qualification, en particulier la conduite en ligne sur RFN (Réseau Ferré National). Le recrutement se fait au niveau BAC mais est également ouvert aux agents placés sur Q1.
Une grille de salaire CGT a été créée pour positionner l’ensemble des métiers du ferroviaire. Sur la première position, avec une rémunération équivalente au SMIC, la CGT a placé les salariés recrutés sans diplôme et sans qualification.
Pour les métiers « conduite », le recrutement se fait au niveau BEP pour Q1 et niveau BAC pour Q2. Ces salariés, déjà diplômés, suivent une formation qualifiante qui leur permet d’obtenir une rémunération plus conséquente. Les conducteurs Q1 peuvent ensuite suivre la formation qualifiante Q2 qui leur permettra de gagner des positions supplémentaires et donc une rémunération plus élevée.
En cours de carrière, les conducteurs Q2 peuvent être aussi amenés à recevoir des formations supplémentaires qualifiantes comme le TGV ou un réseau étranger. Ces acquis supplémentaires feront bien évidemment l’objet d’une revalorisation de la rémunération.
La CGT revendique également la mise en place d’un véritable treizième mois. A ce salaire, pour les conducteurs Q1 et Q2, va s’ajouter une prime de traction qui sera forfaitaire et garantie.
Parallèlement au déroulement de carrière par position, viennent s’ajouter les échelons d’ancienneté, soit une majoration maximum de 32% après 25 années de carrière.