UNE DIRECTION FRAPPÉE D’AMNÉSIE…
Commission métier Traction du 31 mars 2021
La première commission nationale métier Traction s’est tenue le mercredi 31 mars 2021. Cette réunion a été obtenue dans le cadre de l’accord sur l’amélioration du dialogue social. Mais les échanges se sont résumés à un cours magistral de la direction sur des sujets ne répondant pas aux problèmes des conducteurs.
La Fédération CGT des Cheminots, soucieuse d’aborder les problématiques rencontrées par l’ensemble du personnel de la filière traction, n’a pu que déplorer la pauvreté du contenu des sujets présentés. Les points de l’ordre du jour ont été fixés unilatéralement par une direction sourde aux remontées du terrain, en décalage avec la réalité quotidienne. La réunion s’est résumée à une série de présentations reprenant la politique nauséabonde de destruction des métiers et des emplois.
Accident Boulzicourt – « Atout conduite »
Les sujets métier comme « Atout conduite » ne sont abordés que par le prisme « d’irritants ». Les mesures présentées sont censées apporter des solutions à tous les problèmes rencontrés par les conducteurs, mais le décalage avec la réalité sur le terrain est de plus en plus marqué.
Le projet « Atout conduite » a été créé suite à l’accident au passage à niveau de Boulzicourt (08) et de la réaction légitime des agents de conduite qui a suivi. La sécurité et les conditions de travail étaient les deux thèmes majeurs.
Mais les belles promesses n’ont pas duré :
- Dans son projet, la direction veut développer des lieux de socialisation dans les foyers, mais dans le même temps, les espaces de prise de repas sont fermés, laissant les conducteurs isolés dans leur chambre durant tout le RHR ;
- Dans un autre chapitre, la direction s’enorgueillit d’avoir rénové des pistes, photos à l’appui. Mais il ne s’agit que de quelques hectomètres alors que les conducteurs (dont les signalements restent sans réponse) constatent tous les jours l’état souvent déplorable des cheminements. La très grande majorité des pistes et itinéraires est en mauvais état. Là encore, la malhonnêteté intellectuelle n’a pas de limite…
- Toujours suite à l’accident et au dysfonctionnement de l’alerte radio, la direction feint d’ignorer le retard pris dans les ordres de modification (OM) du matériel pour la préservation de l’alerte radio en cas de choc ;
- De même, elle balaie d’un revers de manche les études réalisées sur l’EAS dans les régions.
Si un accident du même type que celui de Boulzicourt se reproduisait, les conséquences seraient les mêmes.
La Direction ne tire aucun enseignement et traîne des pieds pour mettre en place des mesures correctives tout en développant contre vents et marées l’exploitation de type EAS.
La Fédération CGT des Cheminots dénonce l’attitude d’une direction revancharde qui tente d’acheter la paix sociale en trompant ses salariés sur ses réelles intentions.
La formation initiale des agents de conduite
La formation initiale des conducteurs va connaître de profondes modifications. Le cahier des charges serait adapté à la nouvelle politique de l’entreprise avec beaucoup moins d’évaluations et une connaissance globale du système amoindrie. La sécurité ferroviaire n’est plus l’élément fondamental de la formation, la régularité et l’information Voyageurs deviennent le fil de rouge de cet apprentissage entièrement dédié au premier emploi selon l’activité.
De ce fait, de simples conducteurs pourront assurer la formation des stagiaires, le rôle du CTT se cantonnera à corriger les évaluations.
C’est un mauvais coup pour la formation qui sera fortement dévaluée. À terme, elle pourra être externalisée, comme au FRET, afin de former à grande échelle des conducteurs avec, à la clé, une importante déqualification du métier.
En conclusion, la direction continue de mépriser ses agents puisqu’elle ne respecte aucunement ses engagements en matière de dialogue social et de transparence sur ses projets. En négligeant les élus dans les CSE et CSS-CT, c’est de l’ensemble des cheminots qu’elle se moque.
De plus, les activités ne cachent plus leur mainmise sur le management de la sécurité, qui devient une variable d’ajustement comme une autre. Même leurs projets les plus insignifiants doivent passer sous la toise des financiers. Par ce biais, les éventuelles améliorations, si elles existent, ne seront que des broutilles, les sujets de la productivité, de la féminisation, ou de l’amélioration des conditions de travail n’étant pas traités.
Ceux en lien direct avec la sécurité ferroviaire, comme le retour d’expérience sur l’AuM, le développement de l’outil de programmation ou la mise en place des Adjoints Référents Conduite ont également été soigneusement esquivés par la direction.
Cette réunion n’a été qu’une vaste opération d’enfumage et de communication de la direction qui n’a manifesté aucune volonté de restaurer le dialogue avec les cheminots.
Pour la Fédération CGT des Cheminots, les apprentis sorciers n’ont pas leur place dans notre entreprise de service public ferroviaire. Les cheminots et les usagers ne veulent pas payer les pots cassés d’une politique qui ne vise que le profit, tout en négligeant les fondamentaux de la sécurité.