LETTRE OUVERTE UNITAIRE

Monsieur le Président,
Les organisations syndicales représentatives au sein du GPU sont engagées depuis plusieurs semaines dans un conflit social majeur contre une réforme des retraites injuste, qui doit maintenant être retirée au regard de l’opposition très majoritaire des salariés. L’incapacité du Gouvernement à justifier une réforme qui épargne le patronat, qui engrange par ailleurs des profits exponentiels, et qui fait peser les efforts sur les seuls salariés est désormais manifeste.
Le groupe SNCF a d’ailleurs annoncé un résultat net de 2,4 milliards d’euros, c’est un résultat historique qui est le fait du travail des cheminots. Ils produisent les trains que les usagers plébiscitent de plus en plus dans un contexte d’inflation et de prise en compte des enjeux écologiques.
La communication de l’entreprise indique, par ailleurs, que ces montants, qui viennent alimenter une trésorerie disponible déjà conséquente, ont vocation à rester dans le système ferroviaire, et notamment à financer la rénovation du réseau ferroviaire, la rémunération, améliorer les conditions de vie au travail et l’emploi, avec un niveau de recrutements soutenu.
Nos organisations syndicales vous pressent donc, Monsieur le Président, de joindre la parole aux actes, en matérialisant au plus vite des engagements forts tant sur la question de l’emploi que sur celle des salaires, leviers majeurs pour le financement de notre protection sociale, et donc des retraites. Si ces deux leviers, et bien d’autres, étaient activés par toutes les entreprises, le sujet du financement du système par répartition ne serait tout simplement pas à l’ordre du jour, et son amélioration serait même possible pour répondre aux aspirations de millions de salariés.
Concernant l’emploi, en 10 ans, 19 299 emplois ont été supprimés, soit 12,4 % de l’effectif réel du GPU SNCF. En l’espace de 3 ans, 7 330 emplois ont été supprimés dans le GPU SNCF (5,11 % des effectifs du GPU SNCF), soit près de 7 emplois par jour.
1 000 emplois de cheminots créés hors statut tout de suite généreraient : + 7,31 millions d’euros de cotisations retraite au régime général. Récupérer les près de 20 000 emplois supprimés en 10 ans permettrait de générer pas loin de 150 millions de cotisations retraite par an !
Ces créations d’emplois permettraient aussi de remettre la SNCF sur la voie du service public en réhumanisant les gares et les trains, en détendant les roulements de service pour améliorer les conditions de vie et de travail des cheminots qui sont actuellement confrontés à des organisations de la production souvent indignes.
De la même manière, nos organisations syndicales exigent des discussions salariales urgentes au regard du contexte d’inflation persistante, en particulier sur l’énergie, mais aussi les produits alimentaires. Le rythme de l’inflation s’établit à 6,2 % sur un an, et pour les produits alimentaires, c’est 14,5 % d’augmentation !
Enfin, les engagements pris lors de la dernière NAO et les mesures spécifiques propres à certains métiers doivent être tenus, et non pas détournés ou vidés de leur substance, comme nous pouvons le constater.
Là encore, ces hausses de salaire qui, en plus d’améliorer, l’attractivité de nos métiers, permettrait de financer notre protection sociale tous régimes confondus.
Nos organisations syndicales souhaitent donc vous rencontrer très rapidement pour aborder l’ensemble des sujets évoqués.
Dans l’attente, soyez assuré, Monsieur le Président de nos respectueuses salutations.
Laurent BRUN [CGT Cheminots], Didier MATHIS [UNSA-Ferroviaire], Erik MEYER [SUD-Rail], Thomas CAVEL [CFDT Cheminots]