RENATIONALISATION DES CHEMINS FER ANGLAIS
Privatisation ? No future !
Au Royaume-Uni, le nouveau gouvernement travailliste a voté une loi le 20 novembre 2024 qui vise à la renationalisation du chemin de fer anglais, créant une seule entité, « la Great British Railways ».
L’État entame donc un processus étape par étape pour opérer un retour de l’ensemble des anciennes sociétés franchisées dans le giron public. Dimanche 25 mai 2025, un premier groupe ferroviaire, la société britannique « South Western Railway », est redevenu public. Il s’agit de la première pierre posée en vue d’une renationalisation du rail qui mettra fin à près de trente ans de gestion privée.
Si le but est de recréer un chemin de fer public et intégré, le chemin reste long et de nombreuses batailles sont à mettre en perspectives pour les cheminots de Grande-Bretagne.
QUELQUES RAPPELS
Des premières lois du gouvernement Thatcher 1 de 1979 à la privatisation de John Major en 1993, en passant par le New Labour de Tony Blair, les trente ans de privatisation se révèlent être une catastrophe économique et sociale. Pourtant, beaucoup de médias, de pseudos-experts ou politiciens apprentis sorciers du libéralisme ont argumenté de la nécessité de suivre cette voie.
Les années qui ont suivi la privatisation de 1993 ont mis en exergue les nombreux accidents, et notamment ceux de Paddington et Hartfield, entraînant la faillite du gestionnaire du réseau de l’époque, RailTrack.
Le démantèlement de British-Rail (opérateur unique et public avant la privatisation) fut sans commune mesure par sa violence et sa vitesse. Un patrimoine de plus d’un siècle a été dilapidé. Tout y passa, le réseau, l’opérateur public, le patrimoine immobilier, la construction, la maintenance, les droits des cheminots.
Les mêmes aujourd’hui en France, avec la direction de la SNCF, font la promotion de ce désastre !
LE SERVICE PUBLIC FERROVIAIRE, UNE ÉVIDENCE !
La bataille d’intérêt général engagée par la Fédération CGT des cheminots depuis plusieurs années en France pour développer et moderniser le train public, prend encore plus d’acuité avec la situation en Angleterre.
Le service public ferroviaire répondant du besoin de transport de la population et des chargeurs autour d’une grande entreprise publique unique et intégrée sera toujours notre boussole.
L’expérience du fret ferroviaire en France et en Europe doit servir de leçon. Les enjeux stratégiques, environnementaux et sociaux du système ferroviaire ne peuvent être confiés au privé.
La SNCF doit redevenir l’outil public au service de l’aménagement du territoire, de la vitalité des territoires, de l’égalité d’accès et de traitement de la population.
Le fret ferroviaire et le transport de voyageurs nécessitent une reconstruction totale par l’investissement dans les triages, les gares, les guichets, le matériel, l’innovation et l’infrastructure ferroviaire, et notamment les lignes de desserte fine du territoire.
Toute activité du Groupe SNCF doit être envisagée dans une logique de coopération ou de partenariat dans le cadre d’un pôle public national de transport. La sous-traitance doit être limitée car elle est aujourd’hui un moyen de détournement des conventions collectives et un levier du dumping social.
Le combat du syndicat britannique RMT est exemplaire, il a permis une véritable alternative politique et la renationalisation des chemins de fer.
La Fédération CGT des cheminots lutte pour stopper le processus de privatisation en cours dans notre pays. Elle s’engage également auprès des cheminots du Royaume-Uni et de leur syndicat RMT pour que le croisement de nos luttes respectives nous ouvre la voie de la victoire pour un chemin de fer intégré autour d’une seule entreprise publique.
Dans le cadre de notre implication dans le syndicalisme européen, nous appelons, avec l’ensemble des syndicats du ferroviaire des différents États-membres de l’Union européenne, à stopper la libéralisation du ferroviaire, à modifier les législations nationale et européenne afin de préserver le système de transport de voyageurs.